Quand on porte un nom aussi prestigieux que Technics, chaque lancement devient un événement scruté de près. Avec les EAH-AZ100, le constructeur japonais s’attaque au segment premium des écouteurs true wireless, un marché ultra-concurrentiel dominé par des géants comme Apple, Bose et Sony. Pour se démarquer, Technics mise sur une innovation intrigante : des transducteurs à fluide magnétique, censés garantir une reproduction sonore plus authentique et précise.
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Derrière cette promesse technologique séduisante, la réalité s’avère plus complexe. Les ferrofluides, bien connus dans l’audio haut de gamme pour refroidir les bobines des tweeters, sont-ils réellement pertinents dans des écouteurs sans fil où la puissance reste infime ? La question se pose également pour la compatibilité Dolby Atmos, mise en avant comme un argument clé. Sans un écosystème logiciel propriétaire, comme celui d’Apple, les limitations du Bluetooth empêchent une véritable restitution 3D, réduisant cet atout à une promesse incomplète.
Affichés à près de 300 euros, les EAH-AZ100 entrent en confrontation directe avec les références du marché. Ont-ils les atouts pour s’imposer face aux meilleurs ? C’est ce que nous allons découvrir.
Spécifications techniques
Ce test a été réalisé avec des écouteurs prêtés par Technics.
Design : l’art de la discrétion
Technics a opté pour un design minimaliste avec ces EAH-AZ100. Les écouteurs adoptent un format « bouton » compact, habillé d’un noir mat élégant rehaussé par une finition concentrique sur la face externe, signature visuelle de la marque. Le logo Technics, sobrement gravé, apporte une touche premium bienvenue.
Côté ergonomie, le choix d’un format bouton sans ailette ni coque anatomique présente quelques compromis.
Le maintien repose uniquement sur l’insertion dans le conduit auditif, ce qui peut s’avérer problématique. J’ai dû régulièrement réajuster les écouteurs en cours d’utilisation, un désagrément que l’on ne retrouve pas chez les concurrents ayant opté pour des designs plus enveloppants.
Les écouteurs bénéficient d’une certification IPX4, assurant une protection efficace contre les projections d’eau et la transpiration. On note la présence d’évents acoustiques qui, comme on le verra dans la partie audio, contribuent efficacement à la restitution des basses fréquences. Chaque écouteur est équipé de trois microphones et d’une surface tactile permettant de gérer la lecture, le volume, les appels et l’assistant vocal.
Le boîtier de charge arbore les mêmes codes esthétiques, avec une finition brossée et un logo doré du plus bel effet. Sa forme oblongue, relativement compacte, s’avère pratique à glisser dans une poche. À noter l’absence totale de bouton physique sur le boîtier, ce qui en fait un objet particulièrement épuré (mais n’aide pas à l’appairage, on y reviendra). Sa recharge s’effectue par le biais de son port USB-C ou avec un chargeur à induction Qi.
Si la qualité de fabrication est au rendez-vous, avec des matériaux nobles et des finitions soignées dignes du positionnement premium, l’ergonomie aurait sans doute gagné à s’inspirer des solutions adoptées par la concurrence pour garantir un maintien plus naturel et un usage plus agréable.
Fonctionnels mais pas si pratiques
Le principal bémol des Technics EAH-AZ100 concerne les commandes tactiles, qui présentent un défaut ergonomique majeur. Chaque tapotement produit un bruit sourd dans l’oreille, et une pression excessive peut déstabiliser l’écouteur. Ces désagréments obligent l’utilisateur à une certaine délicatesse dans la manipulation quotidienne : cela va bien lorsqu’on est assis, c’est moins pratique en marchant.
Bonne nouvelle, les commandes tactiles permettent néanmoins d’accéder aux fonctions essentielles :
| Action | Écouteur gauche | Écouteur droit |
|---|---|---|
| 1 tapotement | Lecture/Pause | Lecture/Pause |
| 2 tapotements | Volume – | Piste suivante |
| 3 tapotements | Volume + | Piste précédente |
| Pression prolongée | Rejeter un appel | Rejeter un appel |
| 1 tapotement lors d’un appel | Décrocher/Raccrocher | Décrocher/Raccrocher |
Une égalisation flexible
L’application mobile Technics Audio Connect propose un égaliseur paramétrique à huit bandes, permettant un ajustement précis de ±10 dB, des graves profonds aux aigus à 12 kHz. Plusieurs profils préétablis sont disponibles pour s’adapter rapidement à différents styles d’écoute, qu’il s’agisse de renforcer les basses, de mettre en avant les voix ou d’obtenir un son plus dynamique.
Audio Spatial : une expérience limitée
L’Audio Spatial constitue l’une des fonctionnalités phares de ces EAH-AZ100, activable depuis l’application. Le système utilise des capteurs gyroscopiques pour suivre les mouvements de la tête et créer une bulle sonore virtuelle autour de l’auditeur. Le son reste ainsi ancré dans l’espace même lorsque vous tournez la tête, simulant la présence d’enceintes fixes devant vous.
Si l’effet élargit effectivement la scène sonore, il souffre d’une limitation technique majeure : la connexion Bluetooth standard ne permet pas de transmettre les métadonnées Dolby Atmos. La spatialisation reste donc uniforme, quel que soit le contenu écouté. Une restriction qui contraste avec la solution d’Apple, où les AirPods Pro 2 exploitent pleinement l’écosystème propriétaire pour offrir une véritable expérience Atmos adaptative.
Cette fonction, par ailleurs incompatible avec le mode LE Audio, illustre bien les contraintes actuelles du Bluetooth. L’effet reste appréciable pour donner de l’ampleur à sa musique, mais ne rivalise pas avec les systèmes propriétaires plus aboutis.
Bluetooth multipoint et LE Audio
La connexion Bluetooth assure une transmission stable dans un rayon de 10 mètres, avec une latence généralement imperceptible pour la lecture de vidéos, où l’audio et l’image restent parfaitement synchronisés. Les joueurs noteront cependant un léger décalage dans les jeux vidéo, où la réactivité audio devient plus critique.
La fonction multipoint, permettant de connecter simultanément deux appareils, est présente, mais son utilisation soulève des questions. Si la première association s’effectue sans difficulté, le processus pour connecter une seconde source est fastidieux : il faut éteindre le Bluetooth de l’appareil préalablement appairé, ranger les écouteurs dans leur boîtier, les sortir et les porter, puis appuyer pendant 5 secondes au minimum pour lancer un nouvel appairage.
Quant à l’intégration du LE Audio, si elle témoigne d’une volonté d’embrasser les derniers standards, celle-ci n’apporte aucun bénéfice tangible en termes de qualité sonore par rapport aux codecs AAC ou LDAC également gérés.
Une réduction de bruit active convenable
Les EAH-AZ100 brillent particulièrement dans leur capacité à vous isoler des basses fréquences. Une fois installé dans votre train ou votre métro quotidien, vous apprécierez le calme qui s’installe : les grondements et vibrations des transports s’effacent comme par magie. C’est vraiment dans ce registre que ces écouteurs tirent leur épingle du jeu.
En revanche, le tableau s’assombrit un peu lorsqu’il s’agit des fréquences moyennes. En ville, au milieu de l’agitation d’une rue passante ou dans une gare bondée, vous ne serez pas totalement coupé du monde : les voix et les bruits plus aigus se faufilent encore jusqu’à vos oreilles. Si vous cherchez une isolation totale, les Bose QuietComfort Ultra ou les AirPods Pro 2 font encore mieux le job.
Quant au mode transparence, il fait le minimum syndical : vous pourrez commander votre café ou échanger quelques mots avec un collègue sans avoir à retirer vos écouteurs. Mais ne vous attendez pas au réalisme bluffant des AirPods Pro 2, qui vous font presque oublier que vous portez des écouteurs. Ici, l’effet reste un peu artificiel, même s’il reste parfaitement utilisable au quotidien.
Entre promesses technologiques et réalité
Disons-le d’emblée : les Technics EAH-AZ100 nous avaient mis l’eau à la bouche avec leurs transducteurs dynamiques de 10 mm à membrane en aluminium, associés à un système de « fluides magnétiques » dont la marque fait ses choux gras. Une technologie qui, sur le papier, laissait entrevoir de belles perspectives. Mais voilà, après plusieurs semaines d’écoute intensive, force est d’admettre que cette architecture sophistiquée ne tient pas toutes ses promesses, particulièrement en termes de neutralité.
À quoi sert un fluide magnétique ?
Un fluide magnétique ou ferrofluide, est une suspension de nanoparticules magnétiques dans un liquide, placé autour de la bobine mobile du transducteur. En théorie, ce fluide remplit deux fonctions : il aide à dissiper la chaleur générée par la bobine et amortit mécaniquement ses mouvements, promettant ainsi une meilleure tenue en puissance et une distorsion réduite.
Une technologie éprouvée dans les tweeters d’enceintes pour le home-cinéma ou la sonorisation, où les puissances en jeu justifient pleinement son utilisation. Mais dans des écouteurs wireless où la puissance délivrée est dix-mille fois inférieure, l’intérêt semble plus marketing que technique.
Une signature sonore en « W » agréable mais perfectible
L’analyse révèle une restitution remarquable dans le registre grave. Les EAH-AZ100 excellent par leur extension dans l’extrême grave, avec une combinaison réussie d’amplitude et d’impact. Cette assise solide s’accompagne d’un punch notable qui apporte corps et dynamique aux productions modernes, sans compromis sur la définition.
Le médium, en léger retrait, affiche une douceur appréciable. Un tour de force technique d’autant plus remarquable face à une remontée vers 1500 Hz, zone fréquentielle souvent critique pour la fatigue auditive. Technics a su maintenir ici un équilibre subtil : les voix restent lisibles sans la moindre trace d’agressivité.
C’est dans l’aigu que le bât blesse. La courbe de réponse montre une montée marquée vers l’extrême aigu qui, si elle confère une certaine « brillance » à la signature sonore, souffre d’un manque flagrant de finesse. Cette remontée spectaculaire ne s’accompagne pas de la précision attendue, et la définition est limitée. C’est là que réside la principale faiblesse de ces écouteurs, incapables de retranscrire toute la subtilité des harmoniques supérieures.
Spatialisation et dynamique : des hauts et des bas
Question scène sonore, c’est un peu le grand écart : d’un côté, on est bluffé par la largeur et le placement précis des instruments, de l’autre, on reste sur sa faim dans l’axe frontal où les plans sonores jouent un peu trop à se marcher sur les pieds. Quant au Dolby Atmos vanté sur la boîte, autant être franc : on cherche encore la différence avec un bon vieux fichier stéréo.
Un bilan en demi-teinte
À 300 euros, disons-le clairement : les EAH-AZ100 font le job correctement, mais peinent à nous faire lever de notre chaise. L’écoute est agréable, pas de doute là-dessus, avec des basses qui envoient et une douceur générale appréciable. Mais à ce tarif, on s’attendait à un petit quelque chose en plus, le fameux « effet wow ». Face aux AirPods Pro 2 ou aux Huawei FreeBuds Pro 4 qui ont plus d’un tour dans leur sac, ces Technics manquent un peu de ce petit plus qui fait la différence.
Des appels de très bonne qualité
Technics a opté pour une configuration solide avec 2 microphones MEMS par écouteur, associés à un traitement par IA pour filtrer les bruits indésirables. Une solution qui s’avère plutôt convaincante à l’usage.
En environnement calme, rien à redire : la voix est naturelle et claire. C’est en situation difficile que le système montre sa valeur ajoutée. Dans la rue, même avec le vent et la circulation, l’algorithme fait un excellent travail de nettoyage. La voix reste parfaitement intelligible, même si elle perd un peu de son naturel quand la réduction de bruit doit vraiment s’activer à fond.
La gestion du vent est particulièrement réussie — un point où beaucoup d’écouteurs pêchent. Seuls les environnements très bruyants (gares, cafés bondés) mettent le système en difficulté, avec une compression parfois un peu trop marquée qui donne un léger effet robotique à la voix.
Autonomie : la très belle surprise
Voilà certainement le point fort le plus marquant de ces EAH-AZ100. Technics annonce 10 heures d’autonomie avec réduction de bruit active, et pour une fois, ces chiffres sont même légèrement sous-estimés : nos tests en conditions réelles ont révélé une endurance de 10h20 (à 50% du volume sur iPhone en Bluetooth AAC, avec une playlist variée jazz/pop/rock).
C’est tout simplement excellent, et place ces écouteurs parmi les champions de leur catégorie. À l’heure où la plupart des true wireless premium peinent à dépasser les 6-7 heures avec ANC, cette performance mérite d’être soulignée. C’est clairement la première qualité de ces EAH-AZ100, qui peuvent ainsi accompagner sans broncher une grosse journée de travail ou un long vol sans avoir besoin de passer par la case recharge. Le boîtier permet de recharger deux fois les écouteurs et nécessite environ 1 heure pour cela. Il se recharge quant à lui en un peu moins de 3 heures.
Cette autonomie généreuse constitue un véritable argument différenciant dans une gamme de prix où la concurrence, même prestigieuse, doit souvent composer avec des durées d’utilisation plus modestes.
Prix et disponibilité
À 299 euros, les Technics EAH-AZ100 s’invitent dans la cour des grands, là où évoluent les modèles premium des marques de référence. Un positionnement ambitieux qui les met en concurrence directe avec des poids lourds comme les AirPods Pro 2, les Huawei FreeBuds Pro 4 ou encore les JBL Tour Pro 3.
Et c’est là que le bât blesse : si l’autonomie exceptionnelle et la qualité de fabrication justifient en partie ce tarif, la qualité sonore, elle, peine à rivaliser avec ces concurrents directs. Les FreeBuds Pro 4 et les JBL Tour Pro 3, avec leurs architectures sophistiquées à double transducteurs à armature équilibrée, offrent un raffinement sonore supérieur, notamment dans les aigus et la précision générale. Les AirPods Pro 2, quant à eux, conservent une longueur d’avance en matière d’équilibre tonal et de naturel.
Difficile, dans ces conditions, de ne pas trouver le prix un peu élevé, malgré les qualités indéniables du produit. Ces EAH-AZ100 auraient sans doute été plus convaincants autour des 200 euros, un positionnement qui aurait mieux reflété leur rapport performances/prix.
